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Le nom des miens gravé au mémorial du moulin de l'Ebeaupin à Saint Lumine de Coutais et le souvenir des chouans de la famille qu'évoquait parfois mon grand-père me font parfois songer à ce Pays de Retz des campagnes qui se souleva jadis pour défendre sa foi et ses enfants menacés par la levée des 300 000 hommes. A l'appel du sang de mars nombreux furent les "Paydrets" qui rejoignirent  Charrette bientôt nommé généralissime de l'armée du Pays de Retz.
Le "roi de la Vendée" François-Athanase Charrette de la Contrie, est né en1763 au château de la Contrie à Couffé. Issu par son père d'une vieille famille bretonne, il plonge par sa mère, ses racines dans le vieux socle cévenol et  la montagne ardéchoise.
Michel Louis Charrette est officier d'infanterie, en 1750 il appartient au régiment de Brissac en garnison dans la ville des Vans (prononcer Vence) et rencontre une jeune fille de la petite noblesse locale. Marie-Anne de La Garde de Monjeu est la fille de Jacques-Joseph auteur d'un livre de raison conservé aux Archives départementales de l'Ardèche et la petite fille d'un ancien maire perpétuel de la ville des Vans.

Extrait du contrat de mariage des parents de Charrette (AD Ardèche 13 J 1) :

"L'an 1750 et le 3° jour du mis de janvier après midy reignant notre souverain et très chrétien prince Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, par devant nous nre royal soussigné et témoins cy après nommés, ont été présents noble Michel Louis Charete fils légitime de feu noble René seigneur de la Contrie, et de Dame Marthe Fluriot de la paroisse St Vincent de Nantes en Bretagne, Lieutenant dans le régiment de Brissac Infanterie d'une part, et Demoiselle Marie Anne De Lagarde fille légitime de Noble Jacques Joseph de Lagarde Seigneur de Montjeu, et de feue Dame Jeanne du Faget de la présente ville des Vans d'autre, lesquelles parties procédant, savoir led Sr Charete comme personne libre et majeur, et la dite Demoiselle de Lagarde de l'exprès vouloir et consentement du dit Seigneur de Montjeu son père, de Dame Marie Louise de Lagarde veuve de Noble Antoine Louis de Beauvoir du Roure Seigneur des Beaumes, d'Henri Joseph du Faget Sieur de Ponsonnier lieutenant dans le régiment de Belsuns son oncle, et autres leurs parents ici présents ; ont de leur bon gré promis se prendre et épouser l'un l'autre en vray et légitime mariage, Icelui bénir et solenniser en face de la Sainte Eglize catholique apostolique et romaine …."
 
Suivent les conditions de donation (Marie Anne est héritière universelle de son père) et de dot
 
"… et parce que le dit Sieur Charete entre pour gendre dans la maison dud seigneur de Montjeu, il lui a icy tout présentement et réellement compté en bonnes espèces de cours la somme de 1500 livres …
… Ledit sieur Charete a donné pour bagues et joyaux à la dite Demoiselle de Lagarde de Montjeu sa fiancée la susdite somme de 1500 livres …
Fait et récité à la dite ville des Vans dans la maison de Mr Jean François André conseiller du Roy Lieutenant de Maire, en présence de Messire Joseph Louis Chalmeton Bachelier en Sainte théologie prêtre et curé des dits Vans et M Louis Vignelongue praticien aussi des dits Vans signés avec nous parties et nous Pierre Joseph Martin notaire royal des Salleles soussigné"

L'ascendance de la mère de Charrette est connue de façon sûre (et en partie grâce au livre de raison de son grand-père) depuis Guillaume sgr de Malbosc et Montjeu au XVe siècle. Il est regardé comme sans doute issu de la lignée des seigneurs du château de la Garde Guérin en Lozère.

 Les ancêtres de Marie Anne de La Garde d'après "la noblesse de la Sénéchaussée de Villeneuve de Berg" :

1/ Raymond de La Garde sgr de la Garde-Guérin x Sibille de Beauvoir du Roure fille de Guillaume et d'Alasie de Planchamp + après 1237 dont :
2/ Thomas de La Garde sgr de la G-G + après 1293 dont :
3/ Gilbert de la Garde sgr de la G-G x 1370 Gabrielle de Chateauneuf fille d'Odilon de Guérin de Chateauneuf baron de Tournel et de Yolande de Simiane dont :
4/ Gaucelin de Lagarde sgr de la G-G et Chambonas x Philippa de Molette fille de Jean co-sgr de la G-G et de Jeanne de Peyrebesse dont (filiation incertaine)

5/ Guillaume (auteur de la branche des sgrs de Malbosc et Montjeu) + après 1455 x l'héritière de la maison de Malbosc, co-sgr des Vans et du mandement de Naves, s'établit au château de la Tour dans la paroisse de Gravières (voir le livre de raison de Jacques Joseph de Lagarde de Malbosc de Montjeu) dont :
6/ Antoine de La Garde sgr de Malbosc et de Gravières dont :
7/ Claude de la Garde sgr de Malbosc Gravières et Montjoc x 1558 Charlotte de Montjeu fille de Jean de Montjoc sgr de Maurines  dont :
8/ Jean de La Garde sgr de Malbosc et Montjeu x 1595 Anne de Sabran héritière de la sie des Alpies dont :
9/ Antoine de La Garde sgr de Malbosc + 1654 x 1627 Marie de Brueys fille de Jacques sgr de Pouls et de Flaux et de Jeanne d'Isarn de Castanet  dont :
10/ Jean Jacques (cadet auteur de la branche des sgrs de Montjeu) ° 1640 cap au régiment de Chambonas et de Massilian, maire perpétuel de la ville des Vans (charge revendue 2400 livres en 1722) + 1710 les Vans x 1673 Catherine Fournier 1655-1698 dont :
11/ Jacques Joseph de La Garde sgr de Montjeu °1685 les Vans + après 1750 x Jeanne du Faget + 1745 les Vans dont :
12/ Marie Anne de La Garde de Montjeu x 1750 Michel Louis de Charrette de la Contrie

Le père de Charrette mourut en février 1776 au château de la Contrie, sa mère au même lieu en janvier 1783.

Je ne sais quels liens Charrette entretint avec la famille de sa mère, mais l'Ardèche fut parfois considérée dans l'histoire de la contre-Révolution comme une seconde "Vendée". Le contexte en a été remarquablement étudié dans l'ouvrage de l'abbé Jolivet : La Révolution dans l'Ardèche paru en 1930 (réédité chez Curandera en 1988), sous-titré d'ailleurs les chouans du Vivarais. Les soulèvements ardéchois, en particulier les fameux camps de Jalès sont parfois d'un caractère plus ambigu, en raison d'un contexte religieux différent, que ceux de la Vendée et du Pays de Retz. L'opposition entre protestants et catholiques n'étant jamais absente des arrières pensées de ceux qui s'opposent alors politiquement dans le Vivarais. Le dernier soulèvement catholique et royal, cause chère à Charrette, se conclue tragiquement aux Vans en décembre 1792. Trois mois plus tard, le Pays de Retz se soulevait.
 

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Tag(s) : #De l'histoire locale à la grande Histoire