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Les lois Jules Ferry (1881-1882) instituent la gratuité, l'obligation et la laïcité de l'école publique. Un contemporain juge cette nouveauté dans son village. 

 La mixité, qui n'a pas bonne presse auprès des autorités laïques comme ecclésiastiques, est pourtant souvent la solution dans les petites communautés sans ressources importantes. La fonction de maîtresse d'école (une école mixte ne peut être dirigée que par une femme) est ici conçue comme un sacerdoce.

 

BÂTISSE D’UNE ECOLE MIXTE, POUR GARCONS ET FILLES

 

            "Avant l’érection de la Bernerie en commune, le conseil municipal en majorité dans cette partie, avait fait construire la Mairie et la maison d’école à la Bernerie. La paroisse-mère ; quand le vieillard BOUTELOUP DES FRAICHES cessa de faire une école élémentaire fut contrainte de louer un petit local pour y installer un instituteur. Et comme c’était une maigre place alors, chaque instituteur y restait le moins de temps possible. Le curé MAILLARD mûrissait une idée que lui avait suggéré la divine providence : c’était de trouver une institutrice capable et dévouée, de gérer énergiquement une école mixte, mais où trouver une âme assez dévouée pour venir s’ensevelir, avec des capacités, dans un Bourg des Moûtiers ! Une institutrice première, sous maîtresse d’une école importante de Nantes, qui avait renoncé au mariage et désirait s’ensevelir dans une campagne pour y faire le bien ; voulut bien accepter l’offre que lui fit l’excellent curé Maillard, et agréée par l’académie, ses diplômes en poche, à l’âge de trente ans, elle inaugura aux Moutiers, dans l’école bâtie pour cette fin, la nouvelle école mixte. Pendant vingt ans elle l’a dirigée avec un véritable succès formant de bons élèves, d’une tenue parfaite et d’un savoir sérieux. A plusieurs reprises elle a mérité des mentions honorables. Elle a maintenu haut l’enseignement académique et les ouvrages usuels dans un ménage. Elle a formé toute une génération d’hommes et de femmes remplis des meilleurs principes. Arrivée à l’âge de la retraite, et un peu usée par ce travail continuel qu’elle aimait par goût et par devoir, le moment étant venu d’interdire les écoles mixtes pour créer partout des écoles obligatoires ; où l’on donne l’enseignement censé gratuit, mais avec l’argent des contribuables ; demoiselle LEHUEDE quitta l’enseignement, pour jouir sur la fin de sa vie de ses petites économies. Depuis lors, le Bourg des Moûtiers comme les autres communes possède deux écoles."   

 

1886 - Manuscrit de l’abbé Henri BACONNAIS  (Etudes historiques sur la baie de Bourgneuf, Prigny ancienne paroisse et le Bourg des Moûtiers en Retz, pages 368/369).

 

 

 

 

 

Tag(s) : #De l'histoire locale à la grande Histoire